Monuments

Le Monument aux Morts de Songeons

À l'initiative des associations d'Anciens Combattants de la guerre de 1914-1918 fut votée en octobre 1920, une loi instituant dans chaque commune de France la tenue d'un livre d'or où figureraient les noms des soldats morts au combat, nés ou résidant dans la commune.
Mais une demande mémorielle forte s'exprima en faveur de ces derniers qui conduisit à l'érection de monuments aux morts, édifices que l'on voulait plus présents, plus visibles dans l'espace public. L'État encouragea financièrement les projets. Des commissions départementales se mirent en place pour gérer l'attribution des subventions et faire respecter certaines règles architecturales et esthétiques, ainsi que des contraintes liées à la laïcité.
Le Monument aux Morts de Songeons est inauguré le 16 octobre 1921, sur la place devant l'église, pendant le mandat de M. Paul Cozette, maire et en présence des autorités du département. Un service religieux est organisé, une réception officielle, un défilé accompagné d'une fanfare, un concert, ponctuent la journée d'inauguration qui se clôt d'un banquet offert aux anciens combattants et à leurs familles.
Sur un imposant piédestal commandé à un marbrier de Beauvais, sont gravés des noms des "enfants de Songeons" morts au combat, et le "Poilu victorieux" – c'est le nom de cette sculpture, oeuvre d'Eugène Bénet,  proposé par la fonderie Durenne, de Paris – brandit la couronne de laurier et la palme de la victoire et du triomphe.

Les monuments célébrant des batailles, des guerres, des victoires,ne sont pas nés avec la guerre de 1914-1918. Mais ce qui se généralise à ce moment-là, c'est l'inscription nominative des soldats morts au combat, avec souvent une absence de mention de leur grade, comme pour souligner une fraternité dans la mort.
À cette époque, toutes les communes de France, sauf un très petit nombre qui n'avaient pas à déplorer le décès d'un de leurs enfants, ont eu leur Monument aux Morts.
La guerre de 1914-1918 fut ce terrible événement qui fît pour la seule France et ses colonies 1,4 millions morts et 3 millions de blessés : le Poilu victorieux est là, dans son silence, pour nous le rappeler.

Patrick Laurent, novembre 2017


Château

1712-1778 : le marquis et la marquise d'Armentières
1778-1875 : la famille Personne de Songeons
1875-1960 : différents propriétaires et occupants
1960 à nos jours : les Petites Soeurs de l'Assomption
 

1712-1778 : le marquis et la marquise d'Armentières

Au début des années 1600, on peut penser que s'élevait sur l'emplacement de l'actuel château, une longue demeure seigneuriale, construction due à Guy de Carvoisin. Les ancêtres de ce seigneur de Songeons avaient été liés au roi François 1er.
La fille de Guy de Carvoisin, Louise, épouse en 1631 Michel I de Conflans, marquis de Saint-Rémy ; leur fils aîné, Michel II, héritera de la terre de Songeons. A sa mort, en 1712, devenu également marquis d'Armentières, il lègue à son fils Michel III titres et propriétés.

En 1715, à la mort du roi, le neveu de Louis XIV, Philippe d'Orléans, est institué Régent du Royaume.
Michel III de Conflans devient premier gentilhomme de la Chambre du Régent et son épouse depuis 1709, Diane Gabrielle de Jussac, demoiselle d'honneur de la fille du Régent, Mademoiselle du Berry.
Mais en 1717, Michel de Conflans meurt brusquement à l'âge de 42 ans.
Diane Gabrielle de Jussac, marquise d'Armentières, poursuit l'oeuvre de son époux en continuant l'embellissement de la demeure seigneuriale et de ses jardins, débuté pense-t-on, vers 1712. Un plan dressé à son initiative en 1720 atteste de l'existence du château et de son domaine.


1778-1875 : la famille Personne de Songeons

En 1777, la marquise d'Armentières décède à Paris, à l'âge de 91 ans.
Son fils, Louis-Gabriel, met en vente la seigneurie de Songeons.
Daniel-Louis Personne de la Chapelle, avocat au Parlement de Paris, conseiller secrétaire du roi Louis XV, l'achète en 1778 pour en faire sa résidence d'été. Désormais, pendant une centaine d'année, le château restera la propriété de la famille Personne de la Chapelle, qui prendra le nom de la seigneurie.
Louis Aristide Hector Personne de Songeons, maire de la commune de 1858 à 1878, vend le château en 1875.


1875-1960 : différents propriétaires et occupants

Jusqu'au début de la guerre de 1914-1918, quatre propriétaires se succèderont. L'un d'entre eux est marchand de bois : gageons que quelques beaux arbres du parc ont dû sentir la hache des bûcherons !...
Un propriétaire, M. Paillard, voit le château utilisé  comme cantonnement ou infirmerie par les troupes armées, vu sa situation proche du front.
En 1921, après le décès de son épouse, il vend son bien à M. et Me Wertheimer. Monsieur est publiciste à Paris ; lors de leur divorce, le château sera attribué à Madame.
La Seconde Guerre mondiale est déclarée en septembre 1939. Une infirmerie occupe quelques temps les lieux. Dans le récit de sa campagne de France en juin 1940, le lieutenant Y.-D. de Bois-Juzan fera allusion au château et à sa propriétaire.


En 1940-41, le château est réquisitionné, occupé par l'armée allemande, puis saisi. Il est mis en vente en 1943, après qu'il eut été classé à "l'inventaire des sites présentant un intérêt général". Il est restitué après la fin de la guerre, puis aliéné en 1949.

1960 à nos jours : les Petites Soeurs de l'Assomption

En 1960, la Congrégation des Petites Soeurs de l'Assomption achète le château pour en faire une maison de repos et de retraite pour ses membres.
C'est aujourd'hui, depuis 2002, un Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) qui accueille une soixantaine de résidents, géré par "Temps de Vie".

Patrick Laurent, mai 2017, Songeons.

Bibliographie :
- Aux habitants de Songeons - Soeur Henriette Girard, 1986-1990
- Châteaux brique et pierre en Picardie - Josiane Sartre, NEL, 2012
- Larousse des châteaux - Gérard Denizeau, Ed. Larousse, 2006
- Châteaux et gentilhommières des Pays de l'Oise - Philippe Seydoux, Ed. de la Morande, 2009.


 

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